Halo

Halo


L'homme marche d'un pas rapide dans la rue baignée par la lueur blafarde des lampadaires. D'un geste nerveux, il jette au loin sa cigarette et cherche les clefs de sa voiture. Il sait, il sait qu'il les trouvera, malgré les vapeurs capiteuses qui hantent son esprit fatigué.
        Il s'assoit sur le siège de son véhicule. Un soupir lui échappe tandis que le moteur émet ses grondements sourds. La radio vient poser ses mélodies désenchantées sur le bruit de machine.
        Le paysage urbain défile, taches de couleurs indistinctes dans l'homogénéité de la nuit.
        Peu à peu ses paupières se ferment. Non, il ne doit pas s'endormir. Pas tout de suite. Plus tard... Plus tard, il en aura le temps.
        Tandis que la lassitude se répand dans ses muscles ankylosés, des souvenirs refont surface, des images monolithiques de mains tendues, de corps enlacés, de questions restées en suspens, de sourires incertains... de regards figés. Glacés. Pétrifiés.
        Brusquement son pied s'abat sur l'accélérateur, la colère et le dégoût envahissent l'air comme des effluves toxiques, les battements de son coeur sonnent comme autant de coups de glas, décisifs, pareils au fracas du tonnerre précédant l'acte...
       Il essuie la sueur qui coule sur ses tempes, tente de se remémorer... Où ? Où doit-il se rendre ? Reste-t-il un refuge, un havre de paix en cette cité endormie, où les spectres cesseraient leur danse macabre ?
       Soudain les bâtiments disparaissent, leur pression formidable s'efface, cède sa place à l'immensité obscure, une ligne droite tracée au milieu des ténèbres... Un fil tendu entre la terreur et l'apaisement.
       Puis la lucidité, une implosion fugace. Dans le ciel devenu ardent, creuset d'une éblouissante splendeur, la lune reste muette !
       La lune reste muette... Et le rêve s'achève.